Travail non rémunéré
1 commentaire« C’est probablement le casse du siècle. En moins de trente ans, entre délocalisations et désintermédiations, une gigantesque charge de travail a disparu des radars du nouveau monde numérique. Pas vue, pas quantifiée, pas même perçue.
Lorsque nous réservons un billet de train, un hôtel ou une location, lorsque nous passons à la caisse automatique du supermarché ou gérons notre compte en banque, lorsque nous contractons une assurance en ligne ou lorsque nous sommes contraints de payer notre péage sur Internet, nous travaillons. Le self-service s’est généralisé, avec au passage un titanesque transfert de la charge de travail sur… les usagers. C’est d’autant plus dommageable que la charge de travail que nous assumons gracieusement tous les jours remplit les poches des grands groupes de la tech,
La valeur ajoutée n’est pas perdue pour tout le monde, mais elle nous échappe, tout comme elle échappe souvent à l’impôt. Airbnb, qui réussit à ponctionner loueurs et locataires sans posséder un seul logement, a ainsi son siège social dans le Delaware, paradis fiscal au cœur des États-Unis
Pendant ce temps, le travail reconnu, lui, n’échappe pas à l’impôt. Depuis des années, nous entendons parler du « coût du travail ». Là encore, le choix des mots n’est pas neutre. On devrait parler de « taxation excessive du travail », ce serait plus juste. Car l’effort fiscal nécessaire au maintien de notre modèle social repose plus sur les revenus du travail que sur ceux du capital.
Alors que les thèmes identitaires et les questions migratoires saturent l’espace politique, et si la vraie crise de nos démocraties ne venait pas plutôt de la crise du travail et de sa juste rémunération ? À l’heure du tsunami qui s’annonce avec l’intelligence artificielle, il est urgent d’y réfléchir.
Laurent MARCHAND. Ouest-France 07/06/2025
Vos commentaires
# Le 10 juin à 16:31, par Anita
ça au moins ça ne mérite pas le mot clef "vie municipale". Nous échappons à ça ici mais ça ne nous empêche pas de penser aux autres :-)