Les marins chaumois et sablais
.../...Les premières mentions de Bretons datent de 1818-1819. Les Bretons venaient pour pêcher dans nos eaux. Les Bretons sont nombreux avec une quarantaine de chaloupes, ce qui représente un chiffre supérieur à celui des Sablais qui n’avaient qu’une trentaine de chaloupes !

LRS : Mais ils avaient du poisson chez eux en Bretagne, non ?
HR : Oui, mais ils étaient très nombreux là-bas aussi, donc ils migraient vers Les Sables d’Olonne, La Rochelle etc… notamment des Groisillons. Des Groisillons s’installèrent à La Rochelle et dans le Pays basque, mais il y eut une colonie importante aux Sables d’Olonne. Les Groisillons furent les premiers bretons à venir aux Sables d’Olonne.
LRS : Quelles furent les relations entre marins bretons et marins sablais ?
HR : Ça chauffait assez dur entre Bretons et Sablais. Et le maire des Sables d’Olonne avait pris des arrêtés municipaux car les Bretons se permettant de vendre à la poissonnerie, les Sablais n’arrivaient plus à écouler leur poisson.
Le Maire demanda donc que les Bretons laissent la priorité aux Sablais. Le document concerné portait le titre de « Litige avec les marins bretons ».
Les conflits allaient assez loin, ainsi les gamins de La Chaume jetaient des pierres sur les marins bretons pour se venger et leur montrer qu’ils n’étaient pas les bienvenus.
Buvette Groizillonne
LRS : Les arrêtés du maire ont-ils résolu le problème et calmé les esprits ?
HR : Les relations se sont assouplies mais pour d’autres raisons…. Au début, ça se passe donc mal. Mais les Groisillons se sont fixés aux Sables d’Olonne notamment en épousant tous des Sablaises !
Rien de mieux que d’épouser des filles du crû pour assouplir les relations… De nombreuses familles vont ainsi s’établir vers 1840, les Laurec, les Legrêle, par exemple, souvent des familles très prolifiques.
LRS : Ce qui signifie que parmi les descendants Sablais actuels il y a de nombreux bretons ?
HR : C’est sûr ! Il y a eu énormément de Bretons. J’avais fait une étude il y a quelques années, parue dans Olona, montrant que c’était essentiellement des Morbihannais qui s’étaient installés aux Sables d’Olonne, la plupart provenant de l’Ile de Groix.
LRS : A propos de la pêche, y avait-il des différences ?
HR : Les Groisillons, et les Bretons en général, avaient une très bonne réputation de marin. Ce sont eux qui les premiers vont armer des bateaux et constituer des équipages pour la pêche au thon. A l’inverse, au début, les Sablais n’ont pas voulu aller à la pêche au thon.
LRS : Pourquoi ?
HR : C’était loin, dans le Golfe de Gascogne dont les tempêtes étaient réputées dangereuses ; il y avait donc une forme de crainte de la part des Sablais qui se contentaient de la pêche côtière.
Alors que les Bretons, dont les Groisillons, osaient y aller.
Les Sablais, après être allés au19ème siècle à Terre neuve sont devenus, au 20ème siècle, soucieux de leur petit confort.
Peut-être par jalousie et rivalité, les Sablais vont finir par réagir et suivre les Bretons dans la course à la pêche au thon.
LRS : Que peux-tu nous dire sur la Voilerie Hériaud ?
HR : Emile Hériaud, le fondateur de la voilerie, s’était marié avec une Groisillonne qui s’appelait Angèle Laurec.
Ça lui a attiré toute la clientèle groisillonne qui venait aux Sables d’Olonne.
A Groix il n’y avait pas de chantiers de navire, tous les Groisillons faisaient donc construire leur bateau aux Sables d’Olonne et le faisait donc voiler chez Hériaud en raison de ses liens de mariage… .../...
Philippe Brossard-Lotz Le Reporter sablais 30 mai 2017