Apprendre pour rester humain
À quoi bon encore apprendre ?, éd. Gallimard, coll. Tracts nº 69. 3,90€.
Et si, demain, nous n’étions plus obligés de trimer sur les bancs de l’école ou de la fac, puisque l’IA saurait tout à notre place ? L’hypothèse, forcément tentatrice, est au cœur d’un petit essai de la philosophe Camille Dejardin, spécialiste de John Stuart Mill comme des questions d’éducation. Si sa réflexion est parfois ardue, truffée de références (Nietzsche, Kant, Spinoza, Platon, Rousseau...), elle est le plus souvent fort accessible, éclairant les enjeux réels de l’apprentissage à ses yeux : être non pas une fin en soi, mais une arme. Pour s’ancrer dans le présent. Comprendre les logiques qui sous-tendent les choses et les événements. Mettre le monde en ordre, en perspective. Gagner en liberté, mieux se respecter. Résister aux assauts, par exemple, du marketing ou des fake news. « Apprendre n’est pas tant assimiler un contenu que savoir examiner ce contenu », souligne l’autrice de ce texte assez passionné, où le fait d’apprendre apparaît ni plus ni moins comme le moyen d’être pleinement humain.
Et peut-être même comme une condition sine qua non pour prétendre au bonheur.
Valérie Lehoux Télérama